charest.jpg Il y a quelques jours, Jean Charest, Premier Ministre du Québec, en visite à Lyon a profité des Entretiens Jacques Cartier pour faire une réflexion comme quoi les français « glissent trop facilement vers les anglicismes ». C’est vrai, nous en exploitons un certain nombre.
Mais vaut-il mieux un français avec quelques anglicismes qu’un français plein de fautes ou remanié au bon vouloir de quelques penseurs?

Chaque jour, je vois passer des courriels grouillants de fautes, non pas juste d’orthographe mais de syntaxe, des choses qui ne sont tout bonnement pas françaises. Et encore, je ne vous parle pas ce qui passe par mes oreilles (il est parti chez eux, par exemple)!

Et si l’on emploie effectivement de nombreux mots issus de nos voisins britanniques, ils sont dans le dictionnaire depuis plusieurs décennies, donc en tant que tel assimilé au français.
Week-end, shopping et parking sont les plus connus mais les québécois checkent leurs courriels, le bumper de leur voiture, utilisent des sleeping bags, des blenders, impriment en batch, partent en burn out, cancellent une réunion, pluggent une prise, mangent des egg rolls, prennent un drink, flushent la chasse d’eau, se sentent insécure ou encore font des jokes.

Nous donner des leçons de français me semble un peu exagéré, surtout quelques semaines après que le Ministère de l’Éducation ait décidé qu’il est juste d’écrire « ognon » ou « bruler » par exemple. Ah bon?
On peut donc simplifier le français pour faire en sorte que les québécois l’écrivent correctement plutôt que de leur enseigner correctement? Quelque chose m’échappe, j’en suis sûre.

12 commentaires le Le débat, le retour

  1. Oui, les réformes de l’orthographe proviennent de l’Académie Française qui ont été décrétées dans les années 1990 et auxquelles le Québec était réfractaire car il vient tout juste de les accepter alors que la Belgique et la Suisse les ont admises depuis plusieurs années.

    :-D
  2. Et mon ancien propriétaire à Montréal allait « fixer » le chauffe eau (comprendre : réparer)
    J’ai participé à ces entretiens Jacques Cartier et je n’ai pas été étonnée de ce discours, largement relayé au Québec. C’est un débat extrêmement compliqué et qui ne peut se finir qu’en pugilat -que j’évite soigneusement depuis, avec les québécois-. Ce sont des impressions personnelles (je prends des gants quand même) : mais je pense qu’il existe une certaine sensation d’infériorité (qui se traduit en supériorité, je ne sais pas si je suis claire) des québécois vis à vis des français, sur les questions de langue. Il faut protéger à tout prix le français, en tant que langue qui n’évolue pas (alors que la base d’une langue bin… c’est son évolution dans le temps!) et la politique de l’office québécois de la langue française est pour moi aberrante : on traduit TOUT, à n’importe quel prix. Des traductions littérales qui apportent un appauvrissement considérable de la langue française (ou québécoise), calquée sur des constructions de phrases souvent anglophones. Donc c’est finalement, à mon avis, bien pire. Il y a bien sûr des enjeux politiques : la peur que cette particularité francophone disparaisse au milieu de cet océan anglophone mais ce combat n’est pas mené de façon intelligente et subtile…
    Encore un autre sujet épineux (là tu t’en prends deux si tu l’évoques) : je pense que les québécois ne sont pas prêts à admettre qu’ils parlent une langue bien à part, avec un vocabulaire et une syntaxe différente (sans jugement de valeur, le québécois n’est pas forcément le fruit de ces traductions à la con, il est pour moi une langue à part entière).
    Enfin bon, ce sont des propos en vrac et qui je suis sûre ne vont rien vouloir dire, mais c’est un des sujets les plus passionnants dans le grand paradoxe québécois, et c’est ce qui m’attire tant là bas. Et me repousse en même temps (moi aussi je suis paradoxale 😉 )

  3. Ah quel sujet sensible en effet, on ne peut pas l’aborder sans s’énerver (surtout de mon côté), d’ailleurs dans le courrier des lecteurs de Métro la semaine dernière un Français au Québec depuis des années écrivait à propos de ça et disait qu’il ne suffisait pas de rajouter « er » à la fin des verbes anglais pour qu’ils soient français !
    Les Québécois sont focalisés sur l’usage des mots anglais par les Français mais ils oublient qu’une langue s’enrichit de toutes parts et que le français utilise aussi des mots espagnols, latins ou arabes ! Et puis franchement, ils ne s’entendent pas parler en effet !
    Comme dit Zootopia ils feraient mieux de reconnaître que leur langue est à part, c’est un autre français, et c’est logique en plus, leur langue a évolué depuis des siècles à des milliers de kms de la nôtre !
    Et oui c’est ridicule leur manière de tout traduire à tout prix n’importe comment…

  4. Ce qui est marrant dans ce paradoxe justement, c’est que de manière générale, les québécois ne supportent pas d’être apparentés aux français, mais quand il s’agit de la langue, ils ne supportent pas d’entendre qu’ils ne parlent pas le français « de france ». Le québécois, quoi!
    Je pense que c’est encore trop tôt pour les mentalités, mais que ce changement et cette acceptation viendra petit à petit!

    Concernant l’enrichissement du vocabulaire par les influences extérieures, et diverses, c’est tout à fait vrai Marlène! Sauf que nous, en france, on n’a pas les mêmes enjeux politiques… donc ce n’est pas si important pour nous que notre langue soit influencée, même un peu trop (je suis la première à détester les anglicismes à la con, français ou québécois!)

    Ca me rappelle un truc qui m’a quand même bien fait marrer à Montréal. La traduction du magasin « The Body Shop » par « Le body shop »!
    Enorme! LOL

  5. Bon, voilà ce que je voulais dire ! J’avais pas assez d’exemples précis pour mon billet de l’autre jour, mais je suis bien d’accord avec toi et les autres commentaires !

    Pour les fautes de francais c’est horrible !… J’en ai d’ailleurs fait un billet le 26 novembre dernier 😉

  6. Oui c’est vrai j’ai oublié d’appuyer aussi ton propos sur les fautes, quand je vois ce qu’envoie mon boss parfois j’ai honte, j’ai un seul collègue qui a vraiment un bon niveau, tous les autres, au secours… Le pire c’est qu’on retrouve des fautes dans les journaux, papiers officiels etc., en France bien sûr plein de gens font aussi des fautes mais en privé quoi, t’auras jamais un menu de resto ou une pancarte avec une faute, encore moins un journal (par contre les blogs, ouch…)

  7. Çà démontre que la langue française est une langue vivante. Il y a aussi plusieurs mots de la langue anglaise qui vient directement du français, et que nous on se l’approprie de nouveaux. Mais il reste que nous sommes 7 millions entouré de plus de 375 millions d’anglais.
    Watch ouit, pourr parler latin

  8. Tellement, tellement d’accord avec toi!
    J’adore voir la langue française évoluer en fonction des régions ou des pays (et, oui Cynthia, le chti c’est aussi du français!)… Par contre, je ne vois pas trop l’utilité de se chicaner là-dessus!
    À bon entendeur(s)…
    😉

  9. Cynthia: en France cette nouvelle orthographe a été rejeté aussi, ça n’a pas d’allure d’enseigner deux graphies pour un même mot car les deux passent!

    Kriss: c’est un sujet qu’il vaut mieux garder pour soit mais parfois, trop c’est trop! LOL

    Zootopia: c’est sûr que c’est épineux mais moi je ne reproche rien à la langue québécoise tant qu’on ne vient pas me faire la leçon sur nos anglicismes! C’est sûr que nos langues ont évolué différemment donc justement « give us a break »! 😀

    Marlène: tout à fait d’accord! 🙂 Et les fautes dans les restos, ça m’hallucine toujours autant!

    Zootopia: c’est un sujet intéressant mais qui dérape vite des deux bords! 😐

    Anne: c’est pour ça que j’ai attendu un peu pour ce billet, il me fallait retrouver mes exemples! LOL

    Cynthia: je n’ai jamais mis les pieds là-bas mais tant qu’on ne m’embête pas, je n’embête personne… 🙂

    André: sous prétexte que c’est une langue vivante on peut changer l’orthographe? Pourtant des générations entières ont réussi à apprendre un français parfait (ou presque), alors qu’est ce qui a changé pour que les enfants ne soient plus capables de mettre un i à oignon?? 😐

    Helene: on se tire dans les pattes entre francophones donc c’est sûr que ça n’aide pas notre cause! 😉

    Marie: merci!

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