Mois : novembre 2019

Faire face à la mort quand on a des enfants

Dans ma vie, je n’ai eu que 3 fois à faire face à la mort (autre que d’un animal de compagnie).

La première fois, c’était pour ma grand-mère, décédée subitement à 79 ans l’année de mes 21 ans. Le chagrin était immense et même si la mort d’un aîné fait partie de la vie, je me souviens en avoir voulu aux inconnus dans la rue qui continuaient leur vie sans se douter de ce que je vivais.

Quelques années plus tard, c’est mon supérieur au travail qui est décédé dans un accident de ski. C’était quelqu’un que j’appréciais beaucoup, qui avait remis sa vie à l’endroit après des années plus sombres et qui m’avait beaucoup encouragé dans mon emploi. Sa perte a créé une onde de choc mais comme je ne le connaissais pas dans la vie privée, ça a été plus « facile » à gérer.

La mort d’un enfant

Et puis cette dernière fois, il y a juste quelques semaines où la mort a frappé à nos portes au détour d’un message Facebook qui vous met dans la face que le pire des faits divers qui pouvait se passer concerne quelqu’un que vous connaissez. Deux enfants, pour être exacte, qui ont été tués par leur père, laissant leur mère et tous les gens qui les connaissait dans un deuil épouvantable.

La petite fille était dans la classe de Mia l’an passé, c’était même sa première amie à l’école et avec leur 2 autres copines, elles ont formé un petit groupe très soudée toute l’année. Cette famille a déménagé dans un autre quartier mais on était resté en contact. Mia était allée jouer chez eux quelques jours avant le drame et la petite fille devait venir à son anniversaire quelques jours après.

Le dire aux enfants ou pas?

Alors on s’est demandé s’il était judicieux de dire aux filles ce qui s’était passé. J’étais personnellement prête à leur mentir plutôt qu’à leur faire vivre cette peine. Parce que comme adulte, c’était (c’est) extrêmement difficile à surmonter alors je n’imaginais pas pour un enfant.

Mais ce genre de nouvelles circulent et dès le lendemain, l’école m’appelait pour me dire qu’une petite fille l’avait dit à notre 6 ans. Alors voilà, on n’avait plus le choix. On est allé chercher les filles plus tôt, le cœur très lourd, mais on a trouvé deux petites filles joyeuses. Quand on a abordé le sujet, notre cadette nous a dit: « C’est rien, K. a dit que E. est au ciel. Elle voyage! » C’est là qu’on a compris que tout était confus dans son esprit et qu’il valait mieux lui dire les choses comme elles étaient.

Utiliser les mots justes

Sur les conseils d’une amie psychologue dans une commission scolaire, nous avons choisi d’utiliser les vrais mots mais de ne pas rentrer dans les détails, d’être surtout à l’écoute de leurs questionnements. On a choisi de dire que le papa était très malade dans sa tête, qu’il aurait dû aller chercher de l’aide auprès d’un médecin mais qu’il ne l’a pas fait. Évidemment, je ne connais pas tous les détails mais c’est cette version que nous avons choisi d’expliquer. Expliquer aussi que quelque chose comme ça est excessivement rare et n’aurait pas dû arriver à leurs amis.

Elles ont eu beaucoup de peine ce soir-là mais l’ont géré différemment. Très vite la plus jeune avait plein de questions. Des questions parfois très concrètes parfois plus philosophiques, comme comment on sait qu’on est mort, est-ce qu’on est triste d’être mort… mais elle m’a aussi parlé de Jésus. Pourquoi est-ce que son amie ne pourrait pas revivre comme lui. J’étais assez embêtée parce qu’on n’est pas vraiment croyant dans la famille et qu’on n’avait jamais parlé de Jésus à la maison mais visiblement quelqu’un lui en avait parlé à l’école. Alors là aussi, on essaie de laisser la porte ouverte aux croyances tout en expliquant la « réalité ».

Les jours d’après

Dans les jours qui ont suivi, elles en ont parlé à plusieurs reprises mais avec beaucoup de calme, de rationalité. Au milieu du repas, elles nomment parfois E. pour dire qu’elles aimeraient qu’elle « revive » ou parfois pour parler plus concrètement de ce qui advient de notre corps après la mort mais elles ont toujours cette faculté d’évoquer cette perte sans le « drama » que nous, on y met. J’y ai réfléchi et, outre le fait qu’ils n’étaient plus dans la même école et donc qu’ils se voyaient moins, je pense que, comme adulte, on se met beaucoup à la place de la maman. Parce qu’elle vit ce que personne ne devrait jamais avoir à vivre et qu’on aimerait une solution miracle pour adoucir sa peine mais qu’on sait que rien n’y fera, nous, comme adultes, on n’arrive pas à sortir de ce chagrin parce qu’on ne peut comprendre l’incompréhensible.

Quoi 6 ans déjà?

Ma petite chouette a eu 6 ans en début de mois et je n’ai toujours pas pris le temps d’écrire quelques lignes pour elle. Il faut dire que cette année, pour la première fois, je n’étais pas là le jour de son anniversaire, retenue à Calgary pour le travail.

J’ai beaucoup pensé à elle, et on s’est rattrapé plus tard mais quelque chose était décidément « off » cette année puisque nous avons aussi été endeuillé quelques jours avant de célébrer sa fête avec ses copines d’école.
Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Ma petite chouette est donc de plus en plus grande, même si pour moi ça reste mon bébé. En maternelle cette année, elle a toujours aussi soif de déchiffrer les sons que l’an passé et l’apprentissage de la lecture s’annonce bien pour l’an prochain. C’est un plaisir de l’entendre aller et nous parler de ses cahiers d’exercice à l’école avec Paco le perroquet ou un autre sur les saisons.

Toujours souriante, elle est entourée d’amies et n’hésite pas à mener son monde à la baguette si on la laisse faire.

Elle a toujours du mal à se réveiller en semaine mais une fois qu’elle est devant son petit-déjeuner (toujours composé de BN trempés dans l’eau!), elle retrouve sa bonne humeur. Pour peu que ce soit la fin de semaine et qu’elle ait le droit de regarder la télé, notre Madame Écran est plus que ravie!

En vrai, on lui limite beaucoup les écrans car elle a beaucoup de mal à passer à autre chose quand vient le temps. Heureusement, elle est aussi tout à fait capable de jouer avec ses Playmobils ou Pat’ Patrouille si elle ne focalise pas sur la télé.

Ces dernières semaines, elle a découvert ce que c’est d’avoir un chien et je crois que ça la rend très heureuse. Elle court parfois en rond dans le jardin avec le petit pitou ou prend beaucoup de fierté à le promener dans le quartier. Son rêve serait qu’on vienne la chercher tous les jours avec Oréo à la sortie de l’école mais malheureusement ce n’est pas possible. Elle apprend par contre qu’il ne faut pas laisser trainer ses jouets car petits bonhommes ou toutou en peluche, le monstre à 4 pattes dévorent tout!

Par contre, mademoiselle est du genre difficile à table et en plus, elle refuse le plus souvent de goûter tout ce qui ressemble à un légume! Certains trouvent grâce à ses yeux (brocolis, carottes, haricots verts par exemple) mais n’essayez pas de lui faire goûter une tomate (même du jardin) ou une aubergine, c’est la crise assurée. Alors on compose avec et on essaie malgré tout de l’encourager à goûter une bouchée au moins. Par contre, elle n’est pas aussi difficile pour ce qui est des desserts et mieux vaut se mettre quelques meringues de côté quand j’en cuisine sinon il ne nous en reste plus!

Avec sa sœur, c’est toujours l’amour fou. Elles se chicanent occasionnellement mais ça reste assez rare. Généralement elles sont plutôt complices, surtout lorsqu’il s’agit de prendre le canapé pour un trampoline ou la salle de bains pour une piscine. En fin de semaine, elles dorment parfois dans la même chambre, on les a d’ailleurs déjà retrouvées tête bêche dans le même lit en semaine alors que normalement c’est chacun sa chambre quand il y a école!

Alors voilà mon petit chat, tu as maintenant 6 ans. tu es grande, tu es pleine de vie mais à chaque balade, tu insistes pour me donner la main.